Evandre

Lecture cursive de textes latins et grecs

0032 0045 le meurtre du père

Oedipe tue Laïos



Euripide : Phéniciennes (date 409)v.32 -45:

Œdipe tue Laios


Ἤδη δὲ πυρσαῖς γένυσιν ἐξανδρούμενος 32

παῖς οὑμός, ἢ γνοὺς ἤ τινος μαθὼν πάρα,

ἔστειχε τοὺς φύσαντας ἐκμαθεῖν θέλων

πρὸς δῶμα Φοίβου, Λάϊός θ ΄ οὑμὸς πόσις, 35

τὸν ἐκτεθέντα παῖδα μαστεύων μαθεῖν

εἰ μηκέτ ΄ εἴη. Καὶ συνάπτετον πόδα

εἰς ταὐτὸν ἄμφω Φωκίδος σχιστῆς ὁδοῦ ·

καί νιν κελεύει Λαΐου τροχηλάτης ·

«  Ὤ ξένε, τυράννοις ἐκπόδων μεθίστασο . » 40

Ὃ δ ΄ εἷρπ ΄ ἄναυδος, μέγα φρονῶν. Πῶλοι δέ νιν

χηλαῖς τένοντας ἐξεφοίνισσον ποδῶν.

Ὅθεν - τί τἀκτὸς τῶν κακῶν με δεῖ λέγειν ; -

παῖς πατέρα καίνει καὶ λαβὼν ὀχήματα

Πολύβῳ τροφεῖ δίδωσιν. 45


Vocabulaire par ordre de fréquence :

Fréquence 1 :

γιγνώσκω (γνώσομαι, ἔγνων, ἔγνωκα) : se rendre compte (γνούς part aor)

δεῖ : il faut

δίδωμι : je donne

δῶμα,ατος (τό) : la demeure, le palais

ἐθέλω, θέλω : désirer, vouloir

...... : ou bien ... ou bien ...

ἤδη : désormais, déjà

θέλω = ἐθέλω : vouloir

κελεύω : ordonner

λαμβάνω, λήψομαι, ἔλαβον, εἴληφα : prendre ; recevoir

λέγω : dire

μανθάνω, μαθήσομαι, ἔμαθον, μεμάθηκα : apprendre

μέγα φρονεῖν : être orgueilleux

ὁδός,οῦ () : la route

ὅθεν : de là, à partir de là, par suite

οὐκέτι, μηκέτι : ne...plus

ξένος,ου () : l’hôte ; l’étranger

πατήρ, πατρός () : le père

πούς,ποδός () : le pied

τί; pourquoi ?

φύω : faire naître


Fréquence 2 :

πόσις, ιος (ὁ) : l’époux

στείχω : marcher

τύραννος,ου () : le tyran (terme qui n’est pas péjoratif en grec


Fréquence 3 :

μεθ-ίστημι (μεθίστασο : impér présent hom 2 pers sg) : déplacer, se déplacer

συν-άπτω : lier (συνάπτετον : duel)


Fréquence 4 :

ἄμφω : tous les deux

ἐκ-ποδών + dat. : en dehors, loin de

πῶλος, ου (ὁ) : le cheval (poét)


ne pas apprendre

ἄν-αυδος, ος, ον : muet

γένυς, υος (ἡ) : le menton

ἐκ-μανθάνω : apprendre à fond, s’informer complètement au sujet de

ἐκ-τίθημι (ἐκτεθείς, έντος ; -θεῖσα, θείσης ; -θέν, θέντος) : exposer, abandonner

ἐκ-φοινίσσω : ensanglanter

ἑκτός +gén : en dehors de, étranger à (τἀκτός = τὰ ἐκτός)

ἐξ-ανδροῦμαι : devenir un homme, devenir adulte

ἕρπω : s’avancer doucement

καίνω = κτείνω : tuer

μαστεύω : rechercher, tâcher de

νιν = αὐτόν (pronom de rappel)

οὑμός = ὁ ἐμός 

ὄχημα, ατος (τό) = ὄχος, ου (ὁ) : le véhicule, le char

παρα-στείχω : passer près de, s’approcher de (+ acc)

πυρσός,,όν (πυρρός,,όν) : rouge comme le feu, roux, doré

σχιστός, ή, όν : fendu (cf schisme)

ταὐτόν = τὸ αὐτόν

τένων, οντος (ὁ) : le tendon

τροφεύς, έως (ὁ) : nourricier

τροχηλάτης, ου (ὁ) : le conducteur de char

Φωκίς, ίδος () : la Phocide

χηλή, ῆς (ἡ) : le sabot


Pistes de commentaire :

- structure du passage : combien de parties? Pourquoi?

  • Caractérisations des personnages évoqués.

  • l'énonciation; le degré d'implication du locuteur. Les personnes, les temps verbaux

  • les champs lexicaux : le savoir; le pied et la marche; étymologies d'Œdipe?

  • rôle du prologue / scène d'exposition : qu'apprend le spectateur? Qu'est-ce qui est mis en relief? Qu'est-ce qui est gommé? Responsabilités? Brièveté.

  • poétique

Comparaison de traductions Les Phéniciennes v 32-45


Berguin-Duclos 1966 Garnier-frères (Garnier-Flammarion T. 3 p 224)


Déjà un blond duvet couvrait les joues de mon fils devenu homme que, soit par intuition, soit instruit par quelqu'un, et voulant connaître ses parents, il se rend à la demeure d'Apollon en même temps que Laïos, mon mari, qui désirait savoir si le fils qu'il avait exposé n'était plus vivant. Ils se rejoignirent à l'endroit où bifurque la route de Phocide.

Le cocher de Laïos donne à Œdipe cet ordre : "Etranger, écarte-toi, fais place au roi." Œdipe continue sa route sans répondre, plein de fierté. Les pur-sang, de leurs sabots, lui ensanglantent les muscles des pieds. Puis … qu'est-il besoin de raconter ces faits étrangers à nos maux présents ? le fils tue son père, s'empare de son attelage et le donne à Polybe qui l'avait élevé.


Gravil-Mauroy-Pauliat Magnard 1983


Puis mon fils devint homme; ses joues devinrent dorées de duvet. Soit qu'il comprît la vérité, soit qu'il l'eût sue de quelqu'un, il alla à la demeure de Phébus car il voulait tout savoir de ses parents. Et de son côté, Laïos, mon époux, y allait aussi pour savoir si l'enfant exposé ne vivait plus. Et leurs pas se croisèrent en Phocide, au même endroit d'un carrefour. Et le cocher de Laïos lui ordonne : "Etranger, au large! Place à un roi ! " Lui, sans un mot allait, plein de fierté. Mais les chevaux de leurs sabots lui empourprèrent de sang les talons.

Puis - à quoi bon dire les détails étrangers aux malheurs - le fils tue le père et prenant l'attelage, le donne à Polybe, son nourricier.


Quelle est la traduction qui vous semble préférable? Pourquoi? Justifiez votre réponse en vous référant au texte grec.



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