04 à une épouse malade
les inquiétudes d'un mari amoureux
VI-4
C. PLINIVS CALPVRNIAE SVAE S.
Numquam sum magis de occupationibus meis questus, quae me non sunt passae aut proficiscentem te valetudinis causa in Campaniam prosequi aut profectam e vestigio subsequi. Nunc enim praecipue simul esse cupiebam, ut oculis meis crederem quid viribus, quid corpusculo adparares, ecquid denique secessus voluptates regionisque abundantiam inoffensa transmitteres. Equidem etiam fortem te non sine cura desiderarem; est enim suspensum et anxium de eo quem ardentissime diligas interdum nihil scire. Nunc vero me cum absentiae tum infirmitatis tuae ratio incerta et varia sollicitudine exterret. Vereor omnia, imaginor omnia, quaeque natura * metuentium est, ea maxime mihi quae maxime abominor fingo. Quo impensius rogo, ut timori meo cottidie singulis vel etiam binis epistulis consulas. Ero enim securior dum lego, statimque timebo cum legero. Vale.
* = ea natura (ablatif) quae metuentium est (parenthèse)
Vocabulaire
fréquence 1
aut, conj. : ou, ou bien
causa, ae, f. : + Gén. : pour (post-posée)
credo, is, ere, didi, ditum : I. 1. confier en prêt 2. tenir pour vrai 3. croire II. avoir confiance, se fier
cum, inv. :1. Préposition + abl. = avec 2. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que 3. conjonction + subj. : alors que; cum…tum… : d'une part… et en particulier…
cura, ae, f. : soin, souci
de, prép. + abl. : au sujet de, du haut de, de
dum, conj. : 1. + ind. = pendant que, jusqu'à ce que 2. + subj. : pourvu que, le temps suffisant pour que
e, prép. : (+abl) hors de, de
ego, mei : je
enim, inv. : car, en effet
et, conj. : et, aussi
etiam, adv. : encore, en plus, aussi, même, bien plus
fortis, e : fort, vigoureux, courageux,
in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
is, ea, id : ce, cette ; celui-ci, celle-ci
magis, adv. : plus
meus, mea, meum : mon
natura, ae, f. : nature
nihil, ou nil : rien
non, neg. : ne...pas
numquam, inv. : ne... jamais
nunc, adv. : maintenant
oculus, i, m. : oeil
omnis, e : tout
patior,eris,i,passus sum : supporter, endurer, admettre
qui, quae, quod, pr. rel : qui, que, quoi, dont, lequel...
quis, quae, quid : qui ? quoi ? après si, nisi, ne, num, quis est l'équivalent de aliquis (quelqu'un, quelque chose).
quo + comparatif : d'autant plus
ratio, onis, f. : la raison, le raisonnement, le compte, la considération, la pensée
regio, onis, f. : la région, l'arrondissement
scio, is, ire, scivi, scitum : savoir
simul, inv. : adv. en même temps, conj : dès que
sine, prép. : + Abl. : sans
singuli, ae, a : pl. chacun en particulier, chacun un
sum, es, esse, fui : être
suus, a, um : adj. : son; pronom : le sien, le leur
timeo, es, ere, timui : craindre
tu, tui : tu, te, toi
tum, adv. : alors
tuus, a, um : ton
ut, conj. : + ind. : quand, depuis que; + subj; : pour que, que, de (but ou verbe de volonté), de sorte que (conséquence) ; adv. : comme, ainsi que
vel, adv. : ou, ou bien, même, notamment (vel... vel... : soit... soit...)
vero, inv. : mais
vires, ium, f. : force(s)
voluptas, atis, f. : volupté
fréquence 2
consulo, is, ere, sului, sultum : 1. délibérer, prendre des mesures contre (intr. + datif), avoir soin de (idem) 2. Consulter
cupio, is, ere, ii ou ivi, itum : désirer
curo, as, are : se charger de, prendre soin de (curatus, a, um : bien soigné)
denique, adv. : enfin
fingo, is, ere, finxi, fictum : modeler, imaginer. part. fictus : feint
incertus, a, um : incertain
lego, is, ere, legi, lectum : cueillir, choisir, lire
metuo, is, ere, ui, utum : craindre
proficiscor, eris, i, fectus sum : partir
queror, eris, i, questus sum : se plaindre
rogo, as, are (ut) : demander (que ou de)
statim, adv. : aussitôt
timor, oris, m. : peur
valeo, es, ere, ui, itum : avoir de la valeur, être fort
varius, a, um : varié, divers
fréquence 3
desidero, as, are : désirer, réclamer, regretter (déplorer) la perte ou l'absence de, porter manquant
interdum, inv. : quelquefois, parfois, pendant ce temps
maxime, inv. : surtout, le plus
prosequor, eris, i, secutus sum : suivre, poursuivre, continuer, conduire en cortège
securus, a, um : tranquille, sûr
sino, is, ere, sivi, situm : permettre
vereor, eris, eri, veritus sum : 1. révérer, respecter 2. appréhender, craindre
vestigium, ii, n. : trace de pas, trace
fréquence 4
cottidie, adv. : chaque jour, tous les jours
diligo, is, ere, legi, lectum : aimer
epistula, ae, f. : lettre
proficio, is, ere, feci, fectum : être utile
valetudo, dinis, f. : [mauvaise] santé
ne pas apprendre
abominor,aris,ari : redouter, repousser avec horreur, avoir horreur de
absentia, ae, f. : absence
abundantia, ae, f : abondance, richesse, surabondance
ad-paro,as,are : procurer en plus à, préparer pour
ardenter : de façon ardente, ardemment
anxius, a, um :1.anxieux, inquiet, tourmenté 2. vigilant 3. Pénible
binus, tj. pl. bini, ae, a : chaque fois deux, chacun deux, deux
C, = Caius, ii, m. : abréviation.
Campania, ae, f. : la Campanie
ecquid, inv. : est-ce que ; (int. ind : si)
equidem, inv. : bien sûr, évidemment
exterreo, es, ere, terrui, territus : épouvanter
imaginor, aris, atus sum : se figurer, s'imaginer
impensius, adv. : comparatif de impense : avec zèle, avec empressement
infirmitas, atis, f. :la faiblesse, la maladie
inoffensus, a, um : non heurté, sans encombre; non troublé, sans rencontrer d'obstacles
occupatio, onis, f. : l'occupation
praecipue, adv. : surtout
S, abréviation de salutem [dat] : donne le salut
secessus, us, m. : séparation, retraite
sollicitudo, dinis, f. : tourment, grosse inquiétude
subsequor, eris, i, secutus sum : suivre immédiatement
suspensus, a, um : suspendu, dépendant de, en suspens, incertain; générateur d'inquiétude
transmitto, is, ere, misi, missum : transporter, passer; franchir, endurer, profiter de ; confier, omettre
vale, inv. : adieu, au revoir
Travail sur traduction :
Ed Ernest Flammarion décembre 1933
Ou… comment on traduisait le latin dans les années trente…
VI, 4
Pline à Calpurnie
Jamais je ne me suis tant plaint de mes affaires, que lorsqu'elles ne m'ont permis, ni de vous accompagner quand votre santé vous obligea de partir pour la Campanie, ni du moins de vous suivre peu de jours après que vous fûtes partie. C'est surtout alors que j'eusse désiré d'être avec vous, pour juger par mes yeux si vos forces revenaient, si ce corps délicat se rétablissait, et comment votre tempérament se trouvait, soit de la solitude, soit des douceurs et de la fécondité du pays. Quand votre santé serait bonne, je ne supporterais qu'avec chagrin votre absence, car rien n'inquiète et ne tourmente davantage que d'être par moments sans nouvelles de ce qu'on aime le mieux. Mais , absente et malade, vous m'inquiétez, vous m'alarmez de plus d'une manière. Il n'est rien que je n'appréhende, que je n'imagine; et comme il arrive quand on est dominé par la crainte, je suppose toujours ce que je redoute le plus. Je vous conjure donc, avec la dernière instance, de prévenir mes anxiétés par une et même deux lettres chaque jour. Je serais plus tranquille tant que je lirai; mais je retomberai dans mes premières alarmes dès que j'aurai lu. Adieu.