51ac Prosopopée des Lois (4)
Il faut obéir aux lois qu'on s'est données
Criton 51ac
Prosopopée des Lois (4)
Il faut obéir aux lois qu’on s’est données, ou les exigences de la démocratie
(...) « Ἢ οὕτως εἶ σοφὸς ὥστε λέληθέν σε ὅτι μητρός τε καὶ πατρὸς καὶ τῶν ἄλλων προγόνων ἁπάντων τιμιώτερόν ἐστιν πατρὶς καὶ σεμνότερον καὶ ἁγιώτερον καὶ ἐν μείζονι μοίρᾳ καὶ παρὰ θεοῖς καὶ παρ ΄ ἀνθρώποις τοῖς νοῦν ἔχουσι, (51b) καὶ σέβεσθαι δεῖ καὶ μᾶλλον ὑπείκειν καὶ θωπεύειν πατρίδα χαλεπαίνουσαν ἢ πατέρα, καὶ ἢ πείθειν ἢ ποιεῖν ἃ ἂν κελεύῃ καὶ πάσχειν ἐάν τι προστάττῃ παθεῖν ἡσυχίαν ἄγοντα, ἐάν τε τύπτεσθαι ἐάν τε δεῖσθαι, ἐάν τε εἰς πόλεμον ἄγῃ τρωθησόμενον ἢ ἀποθανούμενον, ποιητέον ταῦτα, καὶ τὸ δίκαιον οὕτως ἔχει, καὶ οὐχὶ ὑπεικτέον οὐδὲ ἀναχωρητέον οὐδὲ λειπτέον τὴν τάξιν, ἀλλὰ καὶ ἐν πολέμῳ καὶ ἐν δικαστηρίῳ καὶ πανταχοῦ ποιητέον ἃ ἄν κελεύῃ ἡ πόλις καὶ ἡ πατρίς ἢ πείθειν αὐτὴν ᾗ τὸ δίκαιον πέφυκε, (51c) βιάζεσθαι δὲ οὐχ ὅσιον οὔτε μητέρα οὔτε πατέρα, πολὺ δὲ τούτων ἔτι ἧττον τὴν πατρίδα; » - Τί φήσομεν πρὸς ταῦτα, ὦ Κρίτων; ἀληθῆ λέγειν τοὺς νόμους ἢ οὔ ;
ΚΡΙΤΩΝ : Ἔμοιγε δοκεῖ.
Vocabulaire dans l'ordre du texte :
οὕτως ... ὥστε... : tellement … que …; à tel point que
λάνθανω ( λήσω, ἔλαθον, λέληθα ) + Α : il m'échappe, t'échappe, lui échappe…
τίμιος,α,ον : estimable, précieux, honorable
σεμνός,ή,όν : respectable (= qui éveille une crainte religieuse)
ἅγιος,α,ον : sacré
μοῖρα,ας (ἡ) : le lot, la destinée, la part, la considération
μείζων,ων,ον : plus grand (comparatif)
νοῦν ἔχειν : avoir son bon sens, être sensé
51b
σέβομαι : respecter, vénérer
μᾶλλον ...ἤ : plus … que…, plutôt … que …
ὑπείκω : céder à, obéir
θωπεύω + Α : flatter, complaire à
χαλεπαίνω : se fâcher
πείθω : persuader
κελεύω : inviter à, ordonner
προσ-τάττω : prescrire, ordonner, commander
ἡσυχίαν ἄγειν : rester tranquille, calme
δέω : lier, enchaîner
πόλεμος,ου (ὁ) : la guerre
τιτρώσκω ( f τρώσω) : blesser
ἀπο-θνῄσκω ( f ἀποθανοῦμαι ) : mourir
ἀνα-χωρέω,ῶ : battre en retraite, reculer
λείπω : laisser, abandonner
τάξις,εως (ἡ) : la place, le rang, le poste
δικαστήριον,ου (τό) : le tribunal
ᾗ : par où, où (relatif de lieu)
51c
βιάζομαι : exercer une violence, violenter, contraindre
ὅσιον ἐστι : il est saint, juste , permis
ἧττον : moins
Criton 51 ac
Vocabulaire par ordre de fréquence :
Fréquence 1 :
ἀπο-θνῄσκω ( f ἀποθανοῦμαι ) : mourir
δικαστήριον,ου (τό) : le tribunal
ἧττον : moins
κελεύω : inviter à, ordonner
λάνθανω ( λήσω, ἔλαθον, λέληθα ) + Α : il m'échappe, t'échappe, lui échappe…
λείπω : laisser, abandonner
μᾶλλον ...ἤ : plus … que…, plutôt … que …
μείζων,ων,ον : plus grand (comparatif)
νοῦν ἔχειν : avoir son bon sens, être sensé
οὕτως ... ὥστε... : tellement … que …; à tel point que
πείθω : persuader
πόλεμος,ου (ὁ) : la guerre
προσ-τάττω : prescrire, ordonner, commander
Fréquence 2 :
βιάζομαι : exercer une violence, violenter, contraindre
δέω : lier, enchaîner
ἡσυχίαν ἄγειν : rester tranquille, calme
ὅσιον ἐστι : il est saint, juste , permis
σεμνός,ή,όν : respectable (= qui éveille une crainte religieuse)
τάξις,εως (ἡ) : la place, le rang, le poste
Fréquence 3 :
μοῖρα,ας (ἡ) : le lot, la destinée, la part, la considération
σέβομαι : respecter, vénérer
Ne pas apprendre :
ἅγιος,α,ον : sacré
ἀνα-χωρέω,ῶ : battre en retraite, reculer
θωπεύω + Α : flatter, complaire à
τίμιος,α,ον : estimable, précieux, honorable
τιτρώσκω ( f τρώσω) : blesser
ὑπ-είκω : céder à, obéir
χαλεπαίνω : se fâcher
Grammaire : emploi du participe futur; l'adjectif verbal.
Criton 51a-51c : traduction au plus près du texte
Prosopopée des Lois (4)
es-tu donc tellement sage qu’il t’a échappé que, plus que mère, père, et tous les autres ascendants, la patrie est chose estimable, vénérable, sacrée, et qu’elle est dans un rang plus élevé auprès des dieux, et auprès des hommes qui ont de l’intelligence, et qu’il faut plus respecter sa patrie, lui obéir, l’entourer d’égard, lorsqu’elle est courroucée, que son père < quand il se courroucé>, et qu’il faut ou bien la persuader, ou bien accomplir ce qu’elle peut ordonner et endurer, si elle enjoint d’endurer, en gardant son calme, soit qu’elle enjoigne d’être battu, soit qu’elle enjoigne d’être enchaîné, et que, si elle nous envoie à la guerre pour y être blessés ou bien pour mourir, il faut faire cela, et que le droit est ainsi, et qu’il ne faut pas désobéir ni reculer ni abandonner son poste, mais qu’il faut, à la guerre, au tribunal, et partout, faire ce que la cité et la patrie ordonnent, ou bien qu’<il faut> la persuader de l'endroit où le droit se trouve être par nature ; et que s’il n’est pas permis par la loi divine de recourir à la violence contre une mère ou un père, il l’est encore beaucoup moins, contre la patrie ? »
Que répondrons-nous à cela, Criton ? que les lois disent des choses vraies, ou non ?
Il me semble <qu’elles disent vrai>.
Traduction H Petitmangin, éditions de Gigord, Paris, 1936
(...) « Ta sagesse est-elle courte au point de te laisser ignorer que la patrie est quelque chose de plus estimable, de plus respectable, de plus sacré qu’une père, qu’un père, que tous les aieux ? qu’elle est plus en honneur qu’eux auprès des dieux, comme auprès des hommes qui réfléchissent ? Ne sais-tu pas qu’il faut la vénérer, se soumettre à elle, adoucir son courroux plus encore que celui d’un père ? qu’il faut ou la faire changer d’avis ou exécuter ce qu’elle commande et, lorsqu’elle impose une peine, la subir sans révolte, qu’elle nous fasse frapper ou mettre aux fers ? Et quand elle nous envoie à la guerre pour y être blessés ou tués, ne sais-tu pas qu’il faut obéir et que c’est là ce qu’exige la justice ? qu’il ne faut ni faiblir, ni reculer, ni déserter son rang et qu’à la guerre, comme au tribunal et en tout lieu, il faut faire ce que l’Etat, ce que la patrie commande ou lui démontrer à l’amiable ce qui est conforme à la justice ? Quant à recourir à la violence, ne sais-tu pas que ce n’est permis ni contre un père, ni contre une mère, beaucoup moins encore contre la patrie ? » Que répondre à tout cela, Criton ? Donnerons-nous raison aux Lois ou non ?
Criton : Il me semble qu’elles ont raison.
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