215ad portrait de Socrate par Alcibiade
Socrate et Marsyas; Socrate Silène
Note introductive :
Le Banquet aurait été écrit par Platon(429-347) vers 385 av.J.C. L'histoire racontée (le banquet célébrant la victoire du poète tragique Agathon) se déroule en 416. A cette date, Socrate (469-399) a 53 ans, et Alcibiade (450-404) en a 34…
215a-d : Portrait de Socrate par Alcibiade (1) : Socrate, supérieur à Marsyas
Σωκράτη δ΄ ἐγὼ ἐπαινεῖν, ὦ ἄνδρες, οὕτως ἐπιχειρήσω, δι ΄ εἰκόνων. Οὗτος μὲν οὖν ἴσως οἰήσεται ἐπὶ τὰ γελοιότερα· ἔσται δ ΄ ἡ εἰκὼν τοῦ ἀληθοῦς ἕνεκα, οὐ τοῦ γελοίου. Φημὶ γὰρ δὴ ὁμοιότατον αὐτὸν εἶναι τοῖς σιληνοῖς τούτοις, (215b) τοῖς ἐν τοῖς ἑρμογλυφείοις καθημένοις, οὕστινας ἐργάζονται οἱ δημιουργοὶ σύριγγας ἢ αὐλοὺς ἔχοντας, οἵ, διχάδε διοιχθέντες, φαίνονται ἔνδοθεν ἀγάλματα ἔχοντες θεῶν. Καί φημὶ αὖ ἐοικέναι αὐτὸν τῷ σατύρῳ τῷ Μαρσύᾳ. Ὅτι μὲν οὖν , τό γε εἶδος, ὅμοιος εἶ τούτοις, ὦ Σώκρατες, οὐδ ΄ αὐτὸς ἄν που ἀμφισβητήσαις· ὡς δὲ καὶ τἆλλα ἔοικας, μετὰ τοῦτο ἄκουε. Ὑβριστὴς εἶ, ἢ οὔ; ἐὰν γὰρ μὴ ὁμολογῇς, μάρτυρας παρέξομαι. Ἀλλ ΄ οὐκ αὐλητής; πολύ γε (215c) θαυμασιώτερος ἐκείνου. Ὁ μέν γε δι ΄ ὀργάνων ἐκήλει τοὺς ἀνθρώπους τῇ ἀπὸ τοῦ στόματος δυνάμει, καὶ ἔτι νυνὶ ὃς ἂν τὰ ἐκείνου αὐλῇ· ἃ γὰρ Ὄλυμπος ηὔλει, Μαρσύου λέγω, τούτου διδάξαντος. Τὰ οὖν ἐκείνου, ἐάντε ἀγαθὸς αὐλητὴς αὐλῇ, ἐάντε φαύλη αὐλητρίς, μόνα κατέχεσθαι ποιεῖ καὶ δηλοῖ τοὺς τῶν θεῶν τε καὶ τελετῶν δεομένους, διὰ τὸ θεῖα εἶναι. Σὺ δ ΄ ἐκείνου τοσοῦτον μόνον διαφέρεις, ὅτι, ἄνευ ὀργάνων, ψιλοῖς λόγοις, ταὐτὸν τοῦτο ποιεῖς. (215d) Ἡμεῖς γοῦν , ὅταν μέν του ἄλλου ἀκούωμεν λέγοντος, καὶ πάνυ ἀγαθοῦ ῥήτορος, ἄλλους λόγους, οὐδὲν μέλει, ὡς ἔπος εἰπεῖν , οὐδενί· ἐπειδὰν δὲ σοῦ τις ἀκούῃ, ἢ τῶν σῶν λόγων ἄλλου λέγοντος, κἂν πάνυ φαῦλος ᾖ ὁ λέγων, ἐάντε γυνὴ ἀκούῃ, ἐάντε ἀνήρ, ἐάντε μειράκιον, ἐκπεπληγμένοι ἐσμὲν καὶ κατεχόμεθα.
Banquet :215a-d
Vocabulaire dans l'ordre du texte :
ἐγώ, με, μου, μοι : moi, je
ἐπαινέω,ῶ : louer
ἀνήρ, ἀνδρός (ὁ) : l'homme (de sexe masculin)
οὕτως : ainsi
ἐπι-χειρέω,ῶ : mettre la main à, entreprendre
διά + Γ : par l'intermédiaire de, par
εἰκών, όνος (ἡ) : toute représentation, image
μέν οὖν : sans doute, assurément
ἴσως : peut-être
οἴομαι, οἶμαι : je crois ( après οἰήσεται suppléez ἐμὲ οὕτως ἐπαινεῖν αὐτόν.)
ἐπί +Α : en vue de, pour
γέλοιος,α,ον : risible
ἀληθής,ής,ές : vrai
ἕνεκα +Γ : en vue de , pour (post-posé)
φημι : je dis, j'affirme
γὰρ δή : oui, car
ὁμοῖος,α,ον (ὅμοιος,α,ον): semblable à (+ datif)
αὐτόν,ήν,ό : pronom de rappel : il, elle,etc. …
σιληνός,οῦ (ὁ) : le silène
215b
ἐν +Δ : dans (sans mvt)
ἑρμο-γλυφεῖον,ου (τό) : atelier de sculpteur
κάθημαι : être assis, être installé
ὅστις, ἥτις, ὅ τι : celui qui, celle qui, ce qui (relatif indéfini)
ἐργάζομαι : fabriquer, faire; travailler
δημιουργός,οῦ (ὁ) : l'artisan
σῦριγξ, ιγγος (ἡ) : flûte de roseau
ἤ... ἤ ... : ou bien… ou bien…
αὐλός,οῦ (ὁ) : flûte
ἔχω : avoir, tenir
ὅς,ἥ,ὅ : qui (relatif)
διχάδε : en deux parties
δι-οίγω (ou δι-οίγνυμι; διοιχθέντες : participe aoriste passif) : ouvrir, partager
φαίνομαι : paraître, apparaîtrer; + participe : se révéler comme
ἔνδοθεν : à l’intérieur, au fond
ἀγάλμα,ατος (ὁ) : ornement, statue
θεός,οῦ (ὁ) : le dieu, la divinité
αὖ : de nouveau, encore, aussi, d'un autre côté
ἔοικα : paraître, ressembler à
σατύρος,ου (ὁ) : le satyre
ὅτι : que; parce que; le fait que
γε : oui certes; du moins
εἶδος,ους (τό) : apparence, forme, aspect (à l'accusatif de relation, ici)
οὐδέ : ne pas même, ne pas non plus; et ne pas
αὐτός,ή,ό : moi-même, elle-même… (au nominatif, ou en fonction de sujet)
ἄν : particule indiquant l'éventualité, ou le conditionnel
που : en quelque sorte
ἀμφισβητέω,ῶ : contester
ὡς ( = ὅτι ) : que, le fait que (le propos introduit est subjectif ou mis en doute)
τἆλλα = τὰ ἄλλα : accusatif de relation : quant au reste, pour le reste
μετά + Α : après
ἀκούω : écouter, entendre
ὑβριστής, οῦ : insolent, orgueilleux
ἐάν : si (éventuel)
ὁμο-λογέω,ῶ : être d’accord, avouer
μάρτυς,υρος (ὁ) : témoin
παρ-έχομαι : fournir, procurer
αὺλητής,οῦ (ὁ) : joueur de flûte
πολύ + comparatif : de beaucoup (adverbe)
215c
θαυμασίος,α,ον : admirable, étonnant
ἐκεῖνος,η,ον : celui-là, celle-là, cela; lui (ou elle)
ὀργάνον,ου (τό) : instrument, outil
κηλέω,ῶ : charmer
ἄνθρωπος,ου (ὁ) : l'homme
ἀπό +Γ : à partir de, qui provient de
στόμα,ατος (τό) : la bouche, donc le souffle (métonymie)
δύναμις,εως (ἡ) : la puissance, la force
ἔτι : encore
νῦν, νυνί : maintenant; en réalité
αὐλέω,ῶ : jouer de la flûte
λέγω : dire
Ὄλυμπος : musicien mysien, élève de Marsyas qui est un Silène dont la légende se déroule en Phrygie. Athéna aurait inventé la flûte à deux tuyaux, mais, voyant combien elle déformait le visage quand on en jouait, l'aurait jetée et maudite. Marsyas la découvrit (certains lui ont attribué cette invention…). Comme il pensait que la musique qu'il en tirait était la plus belle , il défia Apollon et sa lyre. Apollon accepta, à condition que le vainqueur puisse châtier le vaincu comme il le voudrait. Après un premier duel, sans résultat, Apollon défia Marsyas de jouer en plaçant son instrument à l'envers. Il gagna donc. Apollon, ainsi vainqueur, le suspendit à un pin et l'écorcha vif.
διδάσκω (διδάξω) : enseigner
ἐάντε...ἐάντε... : soit que...soit que...
ἀγαθός,ή,όν : bon
φαῦλος,η,ον : médiocre, vil
αὐλητρίς,ίδος (ἡ) : joueuse de flûte
μόνος,η,ον : seul
κατ-έχομαι : être possédé, tenu fortement (passif impersonnel ici : "on"…)
ποιέω,ῶ : faire, rendre; faire que + infinitif
δηλόω,ῶ : rendre évident, montrer
τελετή,ῆς (ἡ) : mystère
δέομαι + Γ : j'ai besoin de, je suis en manque de
διά +Α , διά + Γ : + A en raison du fait de, à cause de; + G par l'intermédiaire de
θεῖος,α,ον : divin
σύ,σέ,σοῦ,σοῖ : tu, toi
τοσοῦτον ... ὅτι ... : en ceci que, dans la mesure où
μόνον : seulement
δια-φέρω +Γ : différer, l’emporter sur
ἄνευ +Γ : sans
ψιλός,ή,όν : nu, simple
αὐτός (ὁ) : le même ; ταὐτόν = τὸ αὐτό (crase)
215d
ἡμεῖς, ἡμᾶς, ἡμῶν, ἡμῖν : nous
γοῦν : ce qu'il y a de sûr, c'est que
ὅταν = ὅτε + ἄν : quand, toutes les fois que
του = τινος
πάνυ : tout à fait, entièrement
ῥήτωρ, ορος (ὁ) : l'orateur
οὐδείς, οὐδεμῖα, οὐδέν : personne, rien
μέλει μοι : il m’importe
ὡς ἔπος εἶπειν : pour ainsi dire
ἐπειδὰν : quand, lorsque
κἄν = καὶ ἐάν : même si
γυνή, γυναικός (ἡ) : la femme
μειράκιον,ου (τό) : enfant, adolescent
ἐκ-πλήσσω (ἐκπεπληγμένος,η,ον) : frapper, étonner
Grammaire : déclinaison : οὗτος, αὕτη, τοῦτο
τό + infinitif : le fait de + infinitif :
ὅταν = ὅτε + ἄν : quand (éventualité ou répétition dans le passé)
κἄν = καί + ἄν : même si
Vocabulaire par ordre de fréquence :
Fréquence 1
ἀκούω : écouter, entendre
αὐτός (ὁ) : le même
διά +Α, διά + Γ :
δια-φέρω +Γ : différer, l’emporter sur
δύναμαι : pouvoir
δύναμις,εως (ἡ) : la puissance, la force
ἐάντε...ἐάντε... : soit que... soit que...
ἐκεῖνος,η,ον : celui-là, celle-là, cela; lui (ou elle)
ἔοικα : paraître, ressembler à
ἕνεκα +Γ : en vue de , pour
ἐπαινέω,ῶ : louer
ἐπι-χειρέω,ῶ : mettre la main à, entreprendre
ἔτι : encore
ἤ... ἤ ... : ou bien… ou bien…
ἴσως : peut-être
μάρτυς,υρος : témoin
νῦν, νυνί : maintenant; en réalité
ὁμο-λογέω,ῶ : être d’accord, avouer
ὅτι : que; parce que
οὐδείς, οὐδεμῖα, οὐδέν : personne, rien
οὐ μόνον... ἀλλὰ καί... : non seulement…mais encore…
ὡς ἔπος εἶπειν : pour ainsi dire
Fréquence 2
ἀμφισβητέω,ῶ : contester
ἄνευ +Γ : sans
δηλόω,ῶ : rendre évident, montrer
κάθημαι : être assis
μέλει μοι : il m’importe
πάνυ : tout à fait, entièrement
φαῦλος,η,ον : médiocre, vil
Fréquence 3
ἀγάλμα,ατος (ὁ) : ornement, statue
κατ-έχομαι : être possédé, tenu fortement
ῥήτωρ, ορος (ὁ) : l'orateur
Fréquence 4
μειράκιον,ου (τό) : enfant, adolescent
à ne pas apprendre
αὺλητής,οῦ (ὁ) : joueur de flûte
αὐλητρίς,ίδος (ἡ) : joueuse de flûte
αὐλέω,ῶ : jouer de la flûte
αὐλός,οῦ (ὁ) : flûte
γέλοιος,α,ον : risible
δι-οίγω (δι-οίγνυμι) : ouvrir, partager
διχάδε : en deux parties
εἶδος,ους (τό) : apparence, forme, aspect
εἰκών, όνος (ἡ) : toute représentation, image
ἔνδοθεν : à l’intérieur, au fond
ἑρμο-γλυφεῖον,ου (τό) : atelier de sculpteur
θαυμασίος,α,ον : admirable, étonnant
κηλέω,ῶ : charmer
ὀργάνον,ου (τό) : instrument, outil
σιληνός,οῦ (ὁ) : silène
σῦριγξ,ιγγος (ἡ) : flûte de roseau
τελετή,ῆς (ἡ) : mystère
ὑβριστής, οῦ : insolent, orgueilleux
ψιλός,ή,όν : nu, simple
Traduction au plus près du texte
<C'est> Socrate <que> moi, Messieurs, j'entreprendrai de louer ainsi, par l'intermédiaire d'images. Eh bien celui-ci, probablement, croira <que c'est> pour des choses plus ridicules (= pour ridiculiser); mais l'image existera en vue du vrai, <et> non du ridicule. Je prétends en effet qu'il est tout à fait semblable à ces silènes, installés dans les ateliers des sculpteurs, que les artisans façonnent tenant des flûtes de Pan ou des pipeaux, <et> qui, après avoir été ouverts en deux parties, se révèlent contenir au dedans des représentations de divinités. Et puis, je prétends qu'il ressemble par ailleurs au satyre Marsyas. Assurément, que, quant à la forme du corps, tu sois semblables à eux, Socrate, toi-même tu ne le contesterais sans doute pas; mais que, quant au reste aussi, tu puisses leur ressembler… écoute, après ça. Tu es impétueux, oui ou non? Car si tu n'en es pas d'accord, je produirai des témoins. Mais tu n'es pas flûtiste? Oh si, et beaucoup plus admirable que lui (lui = Marsyas). Lui, certes, <c'est> par l'intermédiaire d'instruments <qu'>il charmait les hommes, au moyen de la puissance issue de sa bouche, et encore maintenant quiconque joue à la flûte ses airs; car les airs qu'Olympos jouait, je <les> dis de Marsyas, car il l'en a instruit. Et ses airs, soit qu'un bon flûtiste les joue , soit <qu'il s'agisse d'>une vile joueuse de flûte, <sont> seuls <à> rendre possédé, et révèle ceux qui ont besoin des dieux et des mystères, par le fait qu'ils sont divins. Mais toi, tu diffères de celui-ci seulement dans la mesure où, sans instruments, avec les mots nus, tu fais cette même chose. Ce qui est sûr, c'est que nous, chaque fois que nous entendons d'un côté, venant d'un autre orateur, même d'un très bon porte-parole, d'autres discours, il n'importe en rien, pour ainsi dire, pour personne; alors que lorsque quelqu'un t'écoute, <toi> ou une autre personne disant de tes discours, même si celui qui parle est tout à fait vil, que ce soit une femme qui écoute, une homme, ou un adolescent, nous nous trouvons foudroyés et possédés.
QUESTIONS ET PISTES DE TRAVAIL :
Présentation du contexte historique (très rapide); utilisation du paratexte : temps de l'histoire, temps de l'écriture; la mort de Socrate (et les morts de Jésus et de Sénèque ); rapports Alcibiade/Socrate : le maître et le disciple…
Prise de conscience rapide du caractère métaphorique du passage ; la ressemblance;
Type de texte : discours; ses indices…
Première lecture centrée sur les surprises que révèlent les champs lexicaux dominants : vérité / rire ; vérité/apparence; dieux/Silènes/ satyre Marsyas (quel rapport avec la mort de Socrate?) ; musique / art… orgueil.
Comparaison de traductions
(traduction Robin , La Pléiade,1940)
Or, messeigneurs, cet éloge de Socrate, voici comment je m'y prendrais pour le faire: en recourant à des images. Aussi bien mon homme va-t-il croire probablement que c'est dans une intention de caricature; mais ce sera la vérité, non la bouffonnerie que se proposeront mes images. C'est ainsi que, je le déclare, il ressemble on ne peut plus à ces Silènes que les sculpteurs exposent dans leurs ateliers, dans la bouche desquels ces artistes mettent un pipeau ou une flûte, et qui, si on les ouvre par le milieu, montrent dans leur intérieur des figurines de Dieux. Mais il ressemble encore, je le déclare, au satyre Marsyas.Oui, au moins par ton aspect, tu leur ressembles, Socrate : toi-même, tu ne le contesterais pas, je pense! Que d'ailleurs, pour le reste aussi, tu sois pareil à eux, écoute ce qui suit. Tu as leur insolence... Non? Si tu n'en conviens pas, sache-le, je produirai mes témoins ! Mais, diras-tu, je ne joue pas de la flûte! En vérité tu es un flûtiste, infiniment plus extraordinaire que celui dont j'ai parlé (c) Lui, c'était au moyen d'instruments qu'il charmait les hommes, grâce au talent qui procédait de sa bouche; et, aujourd'hui encore quiconque joue ses airs de flûte; car ceux que, sur la flûte, jouait Olympe, je dis qu'ils sont de Marsyas, qui les lui a enseignés. Les airs de ce dernier, donc, qu'ils soient joués par un grand flûtiste ou bien par une pauvre joueuse de flûte, sont seuls à mettre en état de possession, et, parce qu'ils sont divins, à manifester ceux qui ont besoin des Dieux, comme de leurs initiations. Or, entre celui-ci et toi, toute la différence, c'est seulement que, sans instruments, avec des paroles sans musique, tu produis ce même effet ! (d) Toujours est-il que nous, quand nous entendons parler quelqu'un d'autre, fût-ce un excellent orateur, ces autres discours laissent totalement indifférent, si je puis dire, tout le monde; tandis que, lorsqu'on t'entend, ou qu'on entend tes propos rapportés par un autre, celui qui les rapporte fût-il un fort pauvre sire, l'auditeur fût-il une femme, fût-il un homme, fût-il un jouvenceau, nous en éprouvons un trouble profond: nous sommes possédés!
Intertextualité :
Comparaison de textes :
Portrait de Socrate par Alcibiade (215a-d) / Rabelais : Prologue du Gargantua (traduction Marie Madeleine FRAGONARD, Presses pocket 1992)
Alcibiade, dans un dialogue de Platon intitulé Le Banquet, faisant l’éloge de son précepteur Socrate, sans conteste le prince des philosophes, déclare entre autres choses qu’il est semblable aux Silènes. Les Silènes étaient jadis de petites boîtes , comme celles que nous voyons à présent dans les boutiques des apothicaires, sur lesquelles étaient peintes des figures drôles et frivoles : harpies, satyres, oisons bridés, lièvres cornus, canes bâtées, boucs volants, cerfs attelés, et autres figures contrefaites à plaisir pour inciter les gens à rire (comme le fut Silène, maître du bon Bacchus). Mais à l’intérieur on conservait les drogues fines, comme le baume, l’ambre gris, l’amome, la civette, les pierreries et autres choses de prix. Alcibiade disait que Socrate leur était semblable, parce qu’à le voir du dehors et à l’évaluer par l’aspect extérieur, vous n’en auriez pas donné une pelure d’oignon, tant il était laid de corps et d’un maintien ridicule, le nez pointu, le regard d’un taureau, le visage d’un fou, le comportement simple, les vêtements d’un paysan, de condition modeste, malheureux avec les femmes, inapte à toute fonction dans l’Etat ; et, toujours riant, trinquant avec chacun, toujours se moquant, toujours cachant son divin savoir. Mais, en ouvrant cette boîte, vous y auriez trouvé une céleste et inappréciable drogue : une intelligence plus qu’humaine, une force merveilleuse, un courage invincible, une sobriété sans égale, une égalité d’âme sans faille, une assurance parfaite, un détachement incroyable à l’égard de tout ce pour quoi les humains veillent, courent, travaillent, naviguent et bataillent.
Quelles sont les différences entre les deux textes ? Faites un relevé organisé, clair et précis.
D’après ce relevé, essayez de déterminer les objectifs de Platon (Alcibiade) et de Rabelais (que veulent-ils montrer à leur lecteur en faisant, chacun à leur manière, leur portrait de Socrate ?)
Rédigez votre réponse en organisant vos remarques (paragraphes) et en vous appuyant précisément sur des citations (en grec pour le texte grec…)
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