006 007 Les Trente et les métèques
Comment renflouer les caisses de l'Etat
Contre Eratosthène 06 07 Les Trente et les métèques
(6) Θέογνις γὰρ καὶ Πείσων ἔλεγον ἐν τοῖς τριάκοντα περὶ τῶν μετοίκων, ὡς εἶέν τινες τῇ πολιτείᾳ ἀχθόμενοι · καλλίστην οὖν εἶναι πρόφασιν τιμωρεῖσθαι μὲν δοκεῖν, τῷ δ ΄ ἔργῳ χρηματίζεσθαι · πάντως δὲ τὴν μὲν πόλιν πένεσθαι, τὴν ἀρχὴν δὲ δεῖσθαι χρημάτων. (7) Καὶ τοὺς ἀκούοντας οὐ χαλεπῶς ἔπειθον · ἀποκτιννύναι μὲν γὰρ ἀνθρώπους περὶ οὐδενὸς ἡγοῦντο, λαμβάνειν δὲ χρήματα περὶ πολλοῦ ἐποιοῦντο. Ἔδοξεν οὖν αὐτοῖς δέκα συλλαβεῖν, τούτων δὲ δύο πένητας, ἵνα αὐτοῖς ᾖ πρὸς τοὺς ἄλλους ἀπολογία, ὡς οὐ χρημάτων ἕνεκα ταῦτα πέπρακται, ἀλλὰ συμφέροντα τῇ πολιτείᾳ γεγένηται, ὥσπερ τι τῶν ἄλλων.
Contre Eratosthène 06 07 Vocabulaire dans l'ordre du texte :
6
ἐν + D : dans, devant
περί + A: au sujet de, à propos de
μέτ-οικος, ου (ὁ,ἡ) : le métèque
ἄχθομαι être affligé, fâché de, supporter avec peine
πολιτεία,ας (ἡ) : gouvernement, constitution, régime politique, condition de citoyen
καλός,ή,όν (καλλίων, κάλλιστος): beau, plus beau, très beau
πρό-φασις,εως (ἡ) : motif, prétexte
τιμωρέομαι,οῦμαι : infliger une peine, punir
τῷ δ ΄ ἔργῳ : en réalité (expression adv. )
χρηματίζομαι : gagner de l'argent, s'enrichir
πάντως : tout à fait, en tout cas
πένομαι : être pauvre, sans ressources
δέομαι + Γ : avoir besoin de, demander
χρήματα,ων (τά) : les richesses, l'argent
7
ἀπο-κτίννυμι = ἀποκτείνω : tuer, mettre à mort
ἄνθρωπος, ου (ὁ) : homme, être humain
περὶ οὐδενὸς ἡγεῖσθαι : ne faire aucun cas de, n'accorder aucune importance à
περὶ πολλοῦ ποιεῖσθαι : faire grand cas de, accorder beaucoup de prix à
δοκεῖ μοι : il me semble bon, je décide
συλ-λαμβάνω : prendre ensemble, arrêter, incarcérer; comprendre
δέκα ; dix
πένης, ητος (ὁ) : le pauvre
ἕνεκα + G : à cause de, pour
ἀπο-λογία,ας (ἡ) : la défense, la justification
συφέρων, ουσα, ον : avantageux pour (datif)
ὥσπερ : comme
τις, τις, τι : quelqu'un, quelque, un
Contre Eratosthène 06 07 Vocabulaire à apprendre :
Fréquence 1
ἄνθρωπος, ου (ὁ) : homme, être humain
δέομαι + Γ : avoir besoin de, demander
δοκεῖ μοι : il me semble bon, je décide
καλός,ή,όν (καλλίων, κάλλιστος): beau, plus beau, très beau
πολιτεία,ας (ἡ) : gouvernement, constitution, régime politique, condition de citoyen
συφέρων, ουσα, ον : avantageux pour (datif)
τις, τις, τι : quelqu'un, quelque, un
χρήματα,ων (τά) : les richesses, l'argent
Fréquence 2
ἀπο-λογία,ας (ἡ) : la défense, la justification
πένης, ητος (ὁ) : le pauvre
πρό-φασις,εως (ἡ) : motif, prétexte
Fréquence 4
ἄχθομαι être affligé, fâché de, supporter avec peine
δέκα ; dix
Ne pas apprendre
ἀπο-κτίννυμι = ἀποκτείνω
μέτ-οικος, ου (ὁ,ἡ) : le métèque
πάντως : tout à fait, en tout cas
πένομαι : être pauvre
χρηματίζομαι : gagner de l'argent, s'enrichir
Fiche de vocabulaire à établir : πόλις (ἡ), les mots de même racine, les mots associés
grammaire :
l'optatif oblique
ὅτι / ὡς derrière les verbes déclaratifs
Lysias : Contre Ératosthène 06 07 : traduction au plus près du texte :
Car Théognis et Pison disaient devant les Trente au sujet des métèques, qu'il y en avait certains qui étaient affligés à cause de la constitution ; que donc "le prétexte était excellent de paraître les châtier, mais en fait, de gagner de l'argent; car la cité était extrêmement pauvre, et le pouvoir avait besoin d'argent." Et ils persuadèrent sans difficulté leurs auditeurs : en effet, d'une part, ils estimaient de peu de valeur le fait de massacrer les gens, mais faisaient grand cas du fait de prendre de l'argent. Ils décidèrent donc d'arrêter dix <personnes>, mais parmi eux deux pauvres, afin que ce soit pour eux, vis-à-vis des autres, une défense, <à savoir> qu'ils n'avaient pas fait cela à cause de l'argent, mais que c'était avantageux pour l'État , comme tout le reste.
COMPARAISON DE TRADUCTIONS :
Traduction D et Pierre Waltz, ed Armand Colin, Paris 1934
Théognis et Pison prétendirent, dans le conseil des Trente, qu'il y avait parmi les métèques des ennemis de la constitution; que ce serait un excellent prétexte pour les dépouiller en ayant l'air de les châtier; que les ressources publiques étaient épuisées et que le gouvernement avait besoin d'argent. Ils n'eurent pas de peine à convaincre leur auditoire : tuer des hommes était peu de chose pour eux, se procurer de l'argent était l'essentiel. Ils résolurent, en conséquence, de faire arrêter dix métèques, dont deux pauvres, pour pouvoir alléguer qu'ils n'avaient pas pris là une décision intéressée, mais qu'ils n'avaient eu en vue, comme toujours, que le bien de l'État.
Traduction Bodin, Paris, Hachette, 1934 :
Dans le conseil des Trente, Théognis et Pison , parlant des métèques, prétendirent qu'il y en avait d'hostiles à la constitution. "Excellente occasion, disaient-ils, de les pressurer, en ayant l'air de les punir. Athènes était pauvre, et ses chefs avaient besoin d'argent." Il n'était pas malaisé de persuader des gens qui comptaient pour peu la vie d'un homme, mais pour beaucoup son argent. Ils décidèrent donc de faire arrêter dix métèques, dont deux seraient pauvres : de cette manière, même à l'égard des autres, ils pourraient soutenir qu'ils avaient agi en cela, comme dans le reste, non par cupidité, mais dans l'intérêt public.